L’école Saint-Antoine à l’ère du covid-19

juillet 27, 2020
Le campus de l’école Saint-Antoine à Dugawar (Uttar Pradesh, Inde).
Le campus de l’école Saint-Antoine à Dugawar (Uttar Pradesh, Inde).

Le 16 mars, le gouvernement a décidé de fermer les écoles pendant deux semaines. Les examens centraux pour les classes de 4ème et de 6ème secondaire ont été reportés au 3 avril. Les familles des professeurs de l’école Saint Antoine provenant du sud du pays (à 2.000 km) ont commencé à s'inquiéter. Auraient-ils la possibilité de rentrer chez eux ? Nous avons décidé d'attendre encore un peu avant de prendre la décision de les laisser partir. Chaque jour qui passait, il devenait plus clair que les écoles n'ouvriraient pas le 3 avril comme prévu. Le risque devenait de plus en plus grand de les voir bloqués dans notre campus pour une très longue période.

Le 22 mars, la ville de Delhi a imposé un couvre-feu, la fermeture des entrées de la ville allait suivre, avec le blocage des accès aux aéroports. Il n'y avait plus de temps à perdre, nous avons immédiatement réservé des tickets sur le vol prévu le lendemain. Les professeurs du Kerala et du Tamil Nadu quittèrent l’école tôt le matin pour prendre leur vol de l'après-midi. Entretemps, la ville de Delhi avait coupé toutes les voies d'accès et nos véhicules ne pouvaient plus passer ! Nous avons déposé les professeurs aux bords de la route et ils ont réussi à trouver un taxi qui a accepté de les déposer à l'aéroport. Ils ont pu prendre leur vol, le dernier de la journée. Le dernier avant le blocage total de l'aéroport ! Quel soulagement pour tous les professeurs de l’école !

Une équipe restreinte est restée sur place sous la bienveillance de Saint-Antoine de Padoue...
Une équipe restreinte est restée sur place sous la bienveillance de Saint-Antoine de Padoue…

L'enseignement à distance

Des écoles, ont commencé à utiliser des outils comme Whatsapp, Zoom, Google classroom, etc. pour garder le contact avec leurs étudiants. Malheureusement, très peu de familles sont équipées d'un ordinateur ou de smartphones. Et il faut encore pouvoir se connecter à internet ce qui n'est pas toujours possible. Pour nos étudiants de 4ème et de 6ème secondaire, qui doivent préparer l'examen central 2021, les professeurs ont commencé à utiliser Whatsapp et Zoom, mais seulement 40% des étudiants ont pu en profiter. Plus tard, nous avons mis en place Microsoft Teams, un système plus adapté à l'enseignement où les étudiants peuvent se connecter à des moments différents. Par la suite, nous avons intégré les autres classes de secondaire au système.

Le salaire des professeurs

En Inde, les salaires dans les écoles indépendantes comme l’ école Saint-Antoine ne sont pas payés par le gouvernement. C'est le minerval des étudiants qui permet de payer les professeurs. Alors que les écoles privées des villes s'adressant à de riches familles ont pu continuer à demander un minerval malgré le confinement, ce n'est pas le cas des autres qui sont, comme nous, situées dans les villages et s'adressent à un public plus pauvre.

Nous avons pu payer tous les salaires de mai. Nous ne savons pas comment cela se passera pour les prochains mois. La réouverture des écoles comme l’école Saint-Antoine en juillet ne sera pas possible. Avec en moyenne 45 élèves par classes, les écoles en Inde ne peuvent pas mettre en place des mesures comme celles que nous connaissons en Belgique. Les bus de nos écoles, qui vont chercher les enfants dans les villages, sont toujours remplis au maximum. Tant que la situation ne redevient pas normale dans les transports, même le retour des professeurs ne sera pas possible.

Les directrices des écoles Saint-Antoine sont restées dans notre campus de Dugawar, entourées d'une équipe restreinte. Tous continuent, dans la mesure du possible, à s'occuper de nos projets et collaborent avec le gouvernement. Nous avons, par exemple, fourni de la nourriture. Nous collaborons aussi avec les hôpitaux locaux et la police en leur fournissant des masques et du gel hydroalcoolique. Des actions de sensibilisation et d'information sont aussi menées dans les villages. Les couturières, membres de nos Groupes d'entraide (SHG), ont confectionné des masques en tissu. Si le besoin s'en fait sentir, nous pourrions aussi organiser des quarantaines dans l'école.

Les petits hôpitaux locaux n'avaient pas assez de masques et de gels...
Nous avons fourni des masques et du gel aux petits hôpitaux locaux qui n’en avaient pas assez…
Nous avons aussi fourni du gel et des masques à la police locale qui en manquait.
Nous avons aussi fourni du gel et des masques à la police locale qui en manquait.